DECAZEVILLE - Cinéma LA STARDA JEAN CAZELLES

Infos pratiques :

Cinéma LA STRADA

Avenue du 10 Août - 12300 DECAZEVILLE

 

Exposition du 3 au 30 octobre 2018,

les mardi, mercredi, vendredi et samedi de 15h à 18h

Vernissage :  Mardi 08 octobre - 19h30

 

 

 

Après une pérégrination bientôt décennale, la suite photographique « Méprises & Faux-semblants » qui m’a conduit vers de lointains ailleurs, s’approprie aujourd’hui les murs de La Strada. Par bonheur je goûte là à une pause hospitalière qui me ramène au cœur même du bassin decazevillois ! Ce retour au pays, opportun mais en rien anecdotique, traduit l’envie bien réelle d’en être encore et de partager avec un public familier, ma matière noire, celle de mes origines. A l’affût des télescopages visuels les plus fortuits et les plus prometteurs, de métaphores en utopies, je réveille − et révèle − nombre de contenus sédimentés dans les strates palimpsestes d’un fonds nourricier. L’intercesseur photographe d’hier, devenu arpenteur de l’invisible, se plait à bousculer ici quelques certitudes.

A l’heure où la maturité numérique se joue parfois des codes dont la photo a hérité, j’ai coutume de dire, après cinquante ans d’une pratique toujours un peu rebelle, que ma relation au processus photochimique est devenue si fusionnelle, que l’adversité constructive qui pimente l’acte créatif finit par compter tout autant que l’exaltation donnée par son aboutissement. Je parle bien sûr de mon approche singulière et paradoxale de la photographie argentique. Ce procédé propice aux clairs-obscurs et rehauts lumineux, qui a toujours généré chez le nostalgique du geste pictural que je suis le besoin récurrent de courtiser le support, me permet d’accéder ici à de riches ailleurs inattendus en prenant à revers l’objectivité supposée de la photographie, aux confins du primitif et du contemporain.

Cette suite au long cours ne dit-elle pas la subtilité trompeuse des choses et la fragilité réitérée du regard qui glisse d’une réalité à l’autre ?

Pièces inédites, les photographies de l’exposition « Dé-Réalités Argentiques » sont autant de réponses ; elles émanent toutes d’une inspiration émotionnelle et sensuelle quasi-picturale, celle d’un auteur toujours en quête de l’exceptionnelle aura, vision poétique et proustienne, inéluctablement liée à son originalité et à son unicité !

 

A propos :

Jean Cazelles est né à Viviez, au cœur du bassin industriel aveyronnais. Autodidacte, dès sa petite enfance il pratique le dessin et la photographie. Formé ensuite à Paris, à l’Ecole Supérieure d’Arts Graphiques, il s’établit enfin à Rodez professeur d’arts plastiques de collège, lycée, école normale. Dès lors, il développe une pratique personnelle de photographe, en noir et blanc, pratique stimulée par une science hors pair du laboratoire. En 1988, il organise à Rodez le premier festival Photofolies qui a permis de présenter au public local des expositions de photographies de Robert Doisneau, Raymond Depardon, John Batho, Tom Drahos, Josef Koudelka, Denis Roche… Les éditions successives de ce festival, toujours en activité, ont beaucoup apporté aux Ruthénois en matière de formation et de découverte du médium photographique moderne et contemporain.

Cazelles fait naître la lumière du noir. Celui-ci, « noir de schistes, noir des fumées, noir de la houille et des crassiers », comme l’écrit son ami Jean-Claude Gautrand, est une source de métamorphoses du réel. Le photographe dissout la substance même de la photographie : l’objet ou le fragment de nature s’en trouve transfiguré. Ou si l’on préfère, le sujet initial doit être déchiffré. Jean Cazelles, ami de Jean Dieuzaide – l’héliogravure, un caviar délicieux –, émule d’Ubac, de Brassaï, d’Ansel Adams, de Wynn Bullock, atteint une forme d’abstraction mystérieuse. Il se souvient de ses visites à la Galerie de France, où il découvrait Soulages, Zao Wou Ki, Poliakoff, Hartung. Chez Cazelles l’emprise de la matière dépasse les effets picturaux : le laboratoire défie toute tentation du réel…

Benoît Decron

Conservateur en chef du patrimoine - Directeur du Musée Soulages de Rodez

 

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